COMMENCER
“Quand tu vas
au tribunal, t'es fini.”
“Si la ferme ne tourne pas,
c’est parce qu’il a des problèmes personnels.”
“C'est facile de se
mettre en difficulté, après ils ont des aides.’’
“Ils ne sont pas à la hauteur,
ils manquent de formation.”
“Ils refusent
le changement.”
Crédits
Qui sont les agriculteurs
en difficulté ?
‘‘S’ils ont des
difficultés, ils n'ont qu'à
passer en bio !’’
“Avec toutes les primes
qu'ils touchent…ils ne sont pas à plaindre !”
‘‘Les agriculteurs,
ils peuvent toujours
se débrouiller pour vivre.’’
UN SYSTÈME
QUI CRÉE
DE L'EXCLUSION
“ L’agriculteur, même
s'il est en difficulté, c'est toujours lui le chef sur sa ferme !”
‘‘Combien d’agriculteurs et d’agricultrices
se suicident en France ?’’
Quels sont les taux d'intérêt pratiqués pour les agriculteurs ?
“Les agriculteurs
ne sont pas solidaires
avec ceux qui sont en difficulté.’’
“Ils ont trop investi.
Ils ont des outils démesurés…”
Qui sont les agriculteurs
en difficulté ?
UN SYSTÈME QUI CRÉE DE L'EXCLUSION
12. Combien d’agriculteurs se suicident en France ?
9. C’est facile d’avoir des aides.
3. Ils ne sont pas à la hauteur, ils manquent de formation.
6. Quels sont les taux d'intérêts pratiqués pour les agriculteurs ?
10. Quand tu vas au tribunal, t'es fini.
1. Qui sont les agriculteurs en difficulté ?
7. L’agriculteur, même s'il est en difficulté, c'est toujours lui le chef sur sa ferme !
4. Si la ferme ne tourne pas, c’est parce
qu’il a des problèmes personnels.
13. Ils peuvent toujours se débrouiller pour vivre.
11. Les agriculteurs ne sont pas solidaires.
2. Ils refusent le changement
8. Avec toutes les primes qu'ils touchent…
5. Ils ont trop investi.
14. Ils n'ont qu'à passer en bio !
1. Qui sont les agriculteurs en difficulté ?
2. Ils refusent le changement
3. Ils ne sont pas à la hauteur, ils manquent de formation.
4. Si la ferme ne tourne pas, c’est qu’il a
des problèmes personnels.
5. Ils ont trop investi.
6. Quels sont les taux d'intérêts pratiqués pour les agriculteurs ?
7. L’agriculteur, même s'il est en difficulté, c'est toujours lui le chef sur sa ferme !
8. Avec toutes les primes qu'ils touchent…
9. C'est facile d’avoir des aides.
13. Ils peuvent toujours se débrouiller pour vivre.
14. Ils n'ont qu'à passer en bio !
10. Quand tu vas au tribunal, t'es fini.
11. Les agriculteurs ne sont pas solidaires.
12. Combien d’agriculteurs se suicident en France ?
UN SYSTÈME QUI CRÉE DE L'EXCLUSION
1. Qui sont les agriculteurs
en difficulté ?
Il n’y a pas de profil type. Il existe une grande différence entre le paysan ayant un petit découvert bancaire lié à un aléa de gestion passager et celui pour lequel les difficultés se sont accumulées depuis des années, et dont la situation économique et personnelle est grevée par l’action des créanciers. Solidarité Paysans constate que tout type de production peut être touché par des difficultés, quels que soient la taille, la date d’installation, et le mode de commercialisation.
Qui sont les agriculteurs
en difficulté ?
2. ‘‘Ils refusent
le changement.’’
“Ils refusent
le changement.”
2. ‘‘Ils refusent le changement’’
Faux Le secteur agricole a révolutionné ses modes de production depuis les années 60 (entre 1960 et 2004 malgré la forte baisse du nombre d’exploitations et du nombre de personnes employées, le volume de la production agricole totale a doublé). Ils ont alors accepté de changer leurs pratiques pour intégrer ces mutations. C’est une profession en perpétuelle évolution. Mais lorsque des agriculteurs sont confrontés à de graves difficultés, alors qu’ils ont suivi tous les conseils qui leur avaient été préconisés par l’encadrement de la profession, ils deviennent très hésitants, sceptiques par rapport aux conseils qui leurs sont donnés, par peur du regard des autres, par peur de perturber l’équilibre de leur système de production et de ne plus le maitriser.Certains agriculteurs sont pris en étau par les lourds investissements liés au système choisi lors de leur installation et ne peuvent pas si facilement le modifier, même s’ils le voudraient.
FauxLe secteur agricole a révolutionné ses modes de production depuis les années 60 (entre 1960 et 2004 malgré la forte baisse du nombre d’exploitations et du nombre de personnes employées, le volume de la production agricole totale a doublé). Ils ont alors accepté de changer leurs pratiques pour intégrer ces mutations. C’est une profession en perpétuelle évolution. Mais lorsque des agriculteurs sont confrontés à de graves difficultés, alors qu’ils ont suivi tous les conseils qui leur avaient été préconisés par l’encadrement de la profession, ils deviennent très hésitants, sceptiques par rapport aux conseils qui leurs sont donnés, par peur du regard des autres, par peur de perturber l’équilibre de leur système de production et de ne plus le maitriser.Certains agriculteurs sont pris en étau par les lourds investissements liés au système choisi lors de leur installation et ne peuvent pas si facilement le modifier, même s’ils le voudraient.
MAURICE DESRIERS, L’AGRICULTURE FRANÇAISE DEPUIS CINQUANTE ANS :
DES PETITES EXPLOITATIONS FAMILIALES AUX DROITS À PAIEMENT UNIQUE,
IN L’AGRICULTURE, NOUVEAUX DÉFIS - ÉDITION 2007.
2. “Ils refusent le changement.”
SOLIDARITÉ PAYSANS, AGROÉCOLOGIE : ACCOMPAGNER DES CHANGEMENTS DE PRATIQUES.
COMMENT DES PRATIQUES PLUS AUTONOMES ET ÉCONOMES PEUVENT FAVORISER LE REDRESSEMENT DE SON EXPLOITATION, 2016.
Aujourd’hui, l’agro-industrie les pousse à ne pas changer de mode de production, mais à acheter toujours plus de matériel, de produits phytosanitaires, d’engrais, d’aliments pour le bétail... Pourtant, Solidarité Paysans constate qu’avec un accompagnement adapté, des agriculteurs ont pu redresser leur exploitation, grâce à une modification de leurs pratiques pour retrouver plus d’autonomie sur leur ferme en réduisant les charges et ainsi aller vers un mode de production plus cohérent et plus économe. Des pratiques agro-écologiques avec lesquelles certains retrouvent la fierté et le sens de leur métier.
MAURICE DESRIERS, L’AGRICULTURE FRANÇAISE DEPUIS CINQUANTE ANS :
DES PETITES EXPLOITATIONS FAMILIALES AUX DROITS À PAIEMENT UNIQUE,
IN L’AGRICULTURE, NOUVEAUX DÉFIS - ÉDITION 2007.
2. Ils refusent le changement
Aujourd’hui, l’agro-industrie les pousse à ne pas changer de mode de production, mais à acheter toujours plus de matériel, de produits phytosanitaires, d’engrais, d’aliments pour le bétail... Pourtant, Solidarité Paysans constate qu’avec un accompagnement adapté, des agriculteurs ont pu redresser leur exploitation, grâce à une modification de leurs pratiques pour retrouver plus d’autonomie sur leur ferme en réduisant les charges et ainsi aller vers un mode de production plus cohérent et plus économe. Des pratiques agro-écologiques avec lesquelles certains retrouvent la fierté et le sens de leur métier.
MAURICE DESRIERS, L’AGRICULTURE FRANÇAISE DEPUIS CINQUANTE ANS :
DES PETITES EXPLOITATIONS FAMILIALES AUX DROITS À PAIEMENT UNIQUE,
IN L’AGRICULTURE, NOUVEAUX DÉFIS - ÉDITION 2007.
Le problème n’est pas tant la formation, que la réappropriation de savoir-faire paysans et l’accès à des informations et conseils transmis par des organismes non marchands. Ceux-ci sauront aider l’agriculteur à identifier les signaux de fragilité financière de son exploitation et à y faire face. L’agriculture est un métier complexe, qui nécessite de la formation continue.
Mais encore faut-il y avoir accès même lorsque l’on a des difficultés économiques.
“Ils ne sont pas à la hauteur,
ils manquent de formation.”
3. ‘‘Ils ne sont pas à la hauteur, ils manquent de formation ’’
AGRESTE, GRAPH’AGRI 2015, EXPLOITATIONS, FONCIER,
INSTALLATION, PRATIQUES CULTURALES.
“Si la ferme ne tourne pas,
c'est parce qu’il a
des problèmes personnels.”
Si l’exploitation a été reprise par loyauté familiale, plus que par choix, les contraintes et difficultés inhérentes au métier peuvent être très dures à vivre pour les personnes. Si en outre, la poursuite de la ferme est menacée par des problèmes économiques, le fait de porter la responsabilité de peut-être mettre fin à une histoire familiale et professionnelle, peut engendrer
un profond malaise.
Et si les problèmes personnels n’étaient pas
la cause des difficultés, mais plutôt un symptôme
des difficultés professionnelles ? Si la relation du couple s’est détériorée, c’est peut-être à cause des difficultés sur la ferme, du manque de revenu,
du salaire du conjoint travaillant à l’extérieur qui sert à payer les dettes de la ferme…
3. “Ils ne sont pas à la hauteur,
ils manquent de formation.’’
Le problème n’est pas tant la formation,
que la réappropriation de savoir-faire paysans
et l’accès à des informations et conseils transmis par des organismes non marchands. Ceux-ci sauront aider l’agriculteur à identifier les signaux de fragilité financière de son
exploitation et à y faire face. L’agriculture
est un métier complexe, qui nécessite
de la formation continue.
Mais encore faut-il y avoir accès même lorsque l’on a des difficultés économiques.
L’endettement est indissociable de l’installation en agriculture, surtout dans un système intensif. En moyenne, un agriculteur de moins de 40 ans est endetté à hauteur de 250 200€ (les agriculteurs sont les indépendants dont le coût d’entrée dans la profession est le plus élevé). Les projets d’installation sont montés la plupart du temps sur des prévisions de prix, de volume et de performances élevés. Sauf que rien ne se passe jamais comme prévu. L’exploitation peut être très fragilisée si elle ne dégage pas suffisamment de trésorerie pour rembourser ses emprunts. Les projets sont construits collectivement (agriculteur, banque, chambre d’agriculture, centre de gestion, groupement de producteurs, vendeur de bâtiment et de matériel…),
mais l’agriculteur se retrouve seul à devoir assumer les difficultés. (…)
“Ils ont trop investi. Ils ont des outils démesurés…”
5. ‘‘Ils ont trop investi. Ils ont des outils démesurés…’’
Quels sont les taux d’intérêt pratiqués pour les agriculteurs ?
Des coopératives et certains fournisseurs pratiquent des taux d’intérêt pouvant aller
jusqu’à 18 % , et les banques des pénalités très importantes. Ils réalisent ainsi un bénéfice sur le montant de leur créance et s’enrichissent sur le dos de ceux qui ont des difficultés.
L’endettement est indissociable de l’installation en agriculture, surtout dans un système intensif. En moyenne, un agriculteur de moins de 40 ans est endetté à hauteur de 250 200€ (les agriculteurs sont les indépendants dont le coût d’entrée dans la profession est le plus élevé). Les projets d’installation sont montés la plupart du temps sur des prévisions de prix, de volume et de performances élevés. Sauf que rien ne se passe jamais comme prévu. L’exploitation peut être très fragilisée si elle ne dégage pas suffisamment de trésorerie pour rembourser ses emprunts. Les projets sont construits collectivement (agriculteur, banque, chambre d’agriculture, centre de gestion, groupement de producteurs, vendeur de bâtiment et de matériel…),mais l’agriculteur se retrouve seul à devoir assumer les difficultés.
5. ‘‘Ils ont trop investi.
Ils ont des outils démesurés…’’
“L’agriculteur, même s’il est en difficulté, c’est toujours
lui le chef sur sa ferme !”
Oui, mais… de nombreux éléments échappent à son contrôle.L’agriculteur ne maîtrise pas ou peu ses prix de vente. En circuit « long », ceux-ci sont déterminés par les intermédiaires (industriels collecteurs et transformateurs, distributeurs…). Fixés sur le marché mondial, ces prix ne tiennent plus compte des charges de production ni même du travail et du temps passé par l’agriculteur pour produire.
Et trop souvent, celui-ci travaille à perte.(…)
GRAPHAGRI 2016 - RÉSULTATS ÉCONOMIQUES DE L’AGRICULTURE,
RÉSULTATS DES EXPLOITATIONS 2014.
Le surinvestissement n’est pas une responsabilité individuelle. Il est une responsabilité collective.
Tout pousse les agriculteurs à investir. Les revues et salons spécialisés valorisent à outrance une technologisation signe de modernité, de performance mais aussi d’appartenance à une profession. Investir, c’est un marqueur social de réussite,
qui permet de « garder la face ». Sur le plan fiscal, ils sont encouragés à investir pour payer moins d’impôts, moins de cotisations sociales… Ce qui leur donne l’impression de sauver de la trésorerie à court terme. Or, le surinvestissement peut rendre une exploitation vulnérable et devenir un frein pour la transmission. Il est difficile pour les porteurs de projets de racheter ces structures devenues trop importantes.
AGRESTE PRIMEUR N°342 - DÉCEMBRE 2016
Quelques rappels :
tous les agriculteurs n’ont pas droit aux primes PAC, leur répartition est très inégalitaire, et leur montant ne correspond pas au revenu qu’aura l’agriculteur pour vivre.Ce qui est communément appelé « primes PAC » était historiquement des primes compensatoires pour éviter que les prix soient trop élevés pour les consommateurs
et ainsi compenser des prix non rémunérateurs pour les paysans.
“Avec toutes les primes qu'ils touchent… Ils ne sont pas à plaindre !”
6. ‘‘Quels sont les taux d’intérêts
pratiqués pour les agriculteurs ?’’
Des coopératives et certains fournisseurs pratiquent des taux d’intérêt pouvant aller
jusqu’à 18 % , et les banques des pénalités très importantes. Ils réalisent ainsi un bénéfice sur le montant de leur créance et s’enrichissent
sur le dos de ceux qui ont des difficultés.
“C’est facile de se mettre en difficulté, après ils ont des aides.’’
Les « crises » agricoles à répétition depuis plusieurs années montrent bien que les difficultés en agriculture sont massives.
En 2016, 30 % des agriculteurs disposent d’un revenu inférieur à 350 €/mois, parmi lesquels 20 % sont en déficit.
7. ‘‘L’agriculteur, même s’il est
en difficulté, c’est toujours lui
le chef sur sa ferme !’’
Oui, mais… de nombreux éléments échappent à son contrôle.L’agriculteur ne maîtrise pas ou peu ses prix de vente. En circuit « long », ceux-ci sont déterminés par les intermédiaires (industriels collecteurs et transformateurs, distributeurs…). Fixés sur le marché mondial, ces prix ne tiennent plus compte des charges de production ni même du travail et du temps passé par l’agriculteur pour produire.
Et trop souvent, celui-ci travaille à perte.
“Quand tu vas au tribunal,t’es fini.”
INSEE PREMIÈRE, N°1160,LES AGRICULTEURS RECOURENT
DE PLUS EN PLUS À DES PRESTATAIRES DE SERVICES,
BERNARD CHEVALIER, DIVISION AGRICULTURE, OCTOBRE 2007.
Beaucoup d’agriculteurs sont isolés sur leur ferme. Leurs seuls contacts professionnels sont parfois avec les conseillers technico-commerciaux qui se succèdent sur les exploitations pour vendre leurs produits (semences, produits phytosanitaires, engrais, aliments pour le bétail…). Ils ne tiennent pas toujours compte de la spécificité de chaque exploitation et des besoins réels des agriculteurs, qui pourtant leur font confiance.
Face à cette solitude du chef d’exploitation, pouvoir échanger sur les décisions à prendre avec un tiers, qui n’a pas d’intérêt économique dans l’exploitation (comme Solidarité Paysans), est très apprécié par les agriculteurs. L’enjeu est qu’ils se réapproprient la gestion de leur exploitation qu’ils ont souvent déléguée.
“Les agriculteurs ne sont pas solidaires avec ceux qui sont en difficulté.’’
Quelques rappels :
tous les agriculteurs n’ont pas droit aux primes PAC, leur répartition est très inégalitaire, et leur montant ne correspond pas au revenu qu’aura l’agriculteur pour vivre.Ce qui est communément appelé « primes PAC » était historiquement des primes compensatoires pour éviter que les prix soient trop élevés pour les consommateurs
et ainsi compenser des prix non rémunérateurs pour les paysans.Grand nombre d’agriculteurs vendent actuellement leurs productions à perte, car les prix des acheteurs ne couvrent pas leurs charges.
8 ‘‘Avec toutes les primes
qu’ils touchent…!’’
À votre avis, combien d’agriculteurs et d’agricultrices se sont suicidés entre 2007 et 2011 en France ?
485
149
“Combien d’agriculteurs et d’agricultrices se suicident en France ?”
781
9. ‘‘C’est facile de se mettre en difficulté, après ils ont des aides.’’
Comment les dépenses des agriculteurs se démarquent-elles de celles des autres catégories socioprofessionnelles
en 2011 ?
C/ Ils mettent tout leur argent dans leur logement.
B/ Ils dépensent peu pour les loisirs et la culture.
A/ Ils ne dépensent rien pour leur alimentation
car ils sont auto-suffisants.
‘‘Les agriculteurs, ils peuvent toujours se débrouiller pour vivre.’’
Ce n’est jamais par choix que des personnes se retrouvent en difficulté. Et, ce n’est pas par attraction des aides. En outre, les agriculteurs les plus en difficultés sont souvent exclus d’un certain nombre d’aides, via les critères d’attribution choisis. Les dispositifs annoncés par les gouvernements successifs s’apparentent ainsi bien souvent à de simples effets d’annonce. Comme tout citoyen, les agriculteurs peuvent prétendre aux minima sociaux (RSA, prime d’activité…), mais tous les agriculteurs ne font pas valoir leurs droits du fait de l’inadéquation des dispositifs avec les spécificités agricoles, du manque d’information, du ras-le-bol des démarches administratives, ou de la volonté de ne pas dépendre de l’aide publique.
Ce n’est pas si simple ! Les agriculteurs produisent ce que le marché demande, et comme ils l’ont appris dans les lieux de formation. Cultiver en bio exige plus de travail pour une même quantité produite, mais qui en effet peut être mieux payée ! Passer en bio, c’est un processus long, très technique, et la phase de conversion est une période à risques, très coûteuse. Cela ne peut être brandi comme une solution à court terme pour un agriculteur confronté à des difficultés. De tels changements de pratiques ne peuvent être des solutions qu’à long terme. Et Solidarité Paysans accompagne aussi des paysans en bio qui peuvent rencontrer des difficultés, liées notamment à une charge de travail (trop) importante
par rapport au revenu dégagé (maraichage en vente
directe par exemple)
‘‘ S’ils ont des difficultés,
ils n’ont qu’à passer en bio !’’
Ce n’est pas si simple ! Les agriculteurs produisent ce que le marché demande,
et comme ils l’ont appris dans les lieux de formation. Cultiver en bio exige plus de travail pour une même quantité produite, mais qui
en effet peut être mieux payée ! (…)
Et Solidarité Paysans accompagne aussi des paysans en bio qui peuvent rencontrer des difficultés, liées notamment à une charge de travail (trop) importante
par rapport au revenu dégagé (maraichage en vente
directe par exemple). Les difficultés ont des sources diverses. Ce n’est pas parce qu’on est dans tel ou tel système qu’on est à l’abri des difficultés. En revanche,
la recherche d’une plus grande indépendance sur l’exploitation par la mise en place de pratiques plus autonomes et économes, permet de réduire les charges de production et peut contribuer au redresse-ment
de l’exploitation. Chaque paysan doit trouver
le système qui lui correspond et qu’il pourra maitriser.
Si l’exploitation a été reprise par loyauté familiale, plus que par choix, les contraintes et difficultés inhérentes au métier peuvent être très dures à vivre pour les personnes. Si en outre, la poursuite de la ferme est menacée par des problèmes économiques, le fait de porter la responsabilité de peut-être mettre fin à une histoire familiale et professionnelle, peut engendrer un profond malaise.
4. “Si la ferme ne tourne pas,
c’est parce qu’il a des
problèmes personnels.’’
AGRESTE, GRAPH’AGRI 2015, EXPLOITATIONS, FONCIER, INSTALLATION, PRATIQUES CULTURALES.
Les agriculteurs ne s’endettent pas que pour investir, ils sont obligés de s’endetter aujourd’hui pour produire. D’une part, certains investissements, tels que ceux liés aux normes sanitaires, sont obligatoires. D’autre part, l’agriculture est une activité à capitaux lourds et faible rentabilité. Avec les crises à répétitions (aléas climatiques, prix à la baisse...), alors que les charges augmentaient, et les retards de versement de certaines primes PAC (pouvant aller jusqu’à plus de 2 ans), de nombreux agriculteurs ont eu des résultats négatifs plusieurs années de suite. Certains se sont endettés auprès de fournisseurs, et n’ont pu rembourser leurs emprunts. Cela les a contraints à restructurer leurs emprunts, à faire des emprunts supplémentaires à « court terme » à un coût élevé. Il ne faut donc pas confondre investissement et endettement. Dans cette situation, les agriculteurs s’endettent faute de rémunération suffisante.
Le surinvestissement n’est pas une responsabilité individuelle. Il est une responsabilité collective.
Tout pousse les agriculteurs à investir. Les revues et salons spécialisés valorisent à outrance une technologisation signe
de modernité, de performance mais aussi d’appartenance à une profession. Investir, c’est un marqueur social de réussite, qui permet de « garder la face ». Sur le plan fiscal, ils sont encouragés à investir pour payer moins d’impôts, moins de cotisations sociales… Ce qui leur donne l’impression de sauver de la trésorerie à court terme. Or, le surinvestissement peut rendre une exploitation vulnérable et devenir un frein pour la transmission. Il est difficile pour les porteurs de projets de racheter ces structures devenues trop importantes.
5. “Ils ont trop investi.
Ils ont des outils démesurés…”
Les agriculteurs ne s’endettent pas que pour investir, ils sont obligés de s’endetter aujourd’hui pour produire. D’une part, certains investissements, tels que ceux liés aux normes sanitaires, sont obligatoires. D’autre part, l’agriculture est une activité à capitaux lourds et faible rentabilité. Avec les crises à répétitions (aléas climatiques, prix à la baisse...), alors que les charges augmentaient, et les retards de versement de certaines primes PAC (pouvant aller jusqu’à plus de 2 ans), de nombreux agriculteurs ont eu des résultats négatifs plusieurs années de suite. Certains se sont endettés auprès de fournisseurs, et n’ont pu rembourser leurs emprunts. Cela les a contraints à restructurer leurs emprunts, à faire des emprunts supplémentaires à « court terme » à un coût élevé. Il ne faut donc pas confondre investissement et endettement. Dans cette situation, les agriculteurs s’endettent faute de rémunération suffisante.
Beaucoup d’agriculteurs sont isolés sur leur ferme. Leurs seuls contacts professionnels sont parfois avec les conseillers technico-commerciaux qui se succèdent sur les exploitations pour vendre leurs produits (semences, produits phytosanitaires, engrais, aliments pour le bétail…). Ils ne tiennent pas toujours compte de la spécificité de chaque exploitation et des besoins réels des agriculteurs, qui pourtant leur font confiance.
Face à cette solitude du chef d’exploitation, pouvoir échanger sur les décisions à prendre avec un tiers, qui n’a pas d’intérêt économique dans l’exploitation (comme Solidarité Paysans), est très apprécié par les agriculteurs. L’enjeu est qu’ils se réapproprient la gestion de leur exploitation qu’ils ont souvent déléguée.
7. “ L’agriculteur, même s’il est en difficulté,
c’est toujours lui le chef sur sa ferme !”
Être agriculteur est un métier complexe, multitâche, qui évolue sans cesse. Deux évolutions majeures sont à noter ces dernières années : le caractère incontournable des nouvelles technologies et la part croissante du travail administratif. Pour y faire face, les agriculteurs recourent de plus en plus à des prestataires de services (comptables, courtiers, conseils en gestion, en informatique) et délèguent la gestion de leur exploitation. Ce poste de dépenses a augmenté de 50 % entre 1995 et 2005, avec des dépenses moyennes annuelles allant de 1 800€ à 5 700€.Les agriculteurs doivent aussi composer avec diverses contraintes, comme les normes imposées par les cahiers des charges français et européen, qui obligent à mettre régulièrement les exploitations aux normes. Si l’agriculteur veut pouvoir vendre, il est tenu de répondre à un certain nombre de critères. Ces critères évoluent chaque année et les contrôles sont nombreux (labels, bien-être animal, risques sanitaires…).
6. ‘‘Quels sont les taux d’intérêts pratiqués pour les agriculteurs ?’’
8. “Avec toutes les primes qu’ils touchent… Ils ne sont pas à plaindre !”
Les critères et normes à respecter changent tous les ans, et depuis 2015 les erreurs et oublis de déclarations ont été fatals pour l’équilibre économique de nombreuses exploitations.
Ce travail administratif génère un stress important vu les enjeux. Sans parler des retards de paiement pouvant aller jusqu’à plusieurs années. Vivre de leur métier, c’est le souhait des agriculteurs.
Grand nombre d’agriculteurs vendent actuellement leurs productions à perte, car les prix des acheteurs ne couvrent pas leurs charges. Sans les primes PAC, ils ne seraient déjà plus en activité. Il n’est pas facile d’obtenir ces primes, et une multitude de critères sont pris en compte pour en bénéficier. Ces informations doivent être déclarées chaque année. La déclaration
doit se faire en ligne, soit par les agriculteurs eux-mêmes, sous condition qu’ils aient accès à Internet et qu’ils sachent la faire, soit par des organismes agricoles (service payant).
7. ‘‘L’agriculteur, même s’il est en difficulté, c’est toujours lui le chef sur sa ferme !’’
Près de 150 000 agriculteurs vivent donc très largement en-dessous du seuil de pauvreté (846 € par mois en France). Mais moins de 43 000 foyers d’agriculteurs ont bénéficié du RSA ou de la prime d’activité (d’un montant moyen de 200 € par mois) cette année-là. Ce n’est jamais par choix que des personnes se retrouvent en difficulté. Et, ce n’est pas par attraction des aides. En outre, les agriculteurs les plus en difficultés sont souvent exclus d’un certain nombre d’aides, via les critères d’attribution choisis.
Les dispositifs annoncés par les gouvernements successifs s’apparentent ainsi bien souvent à de simples effets d’annonce. Comme tout citoyen, les agriculteurs peuvent prétendre aux minima sociaux (RSA, prime d’activité…), mais tous les agriculteurs ne font pas valoir leurs droits du fait de l’inadéquation des dispositifs avec les spécificités agricoles, du manque d’information, du ras-le-bol des démarches administratives, ou de la volonté de ne pas dépendre de l’aide publique.
CAISSE CENTRALE DE LA MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE- RAPPORT D’ACITIVITÉ 2016
9. “C’est facile de se mettre en difficulté, après ils ont des aides.”
SOLIDARITÉ PAYSANS, SE PLACER SOUS LA PROTECTION DE LA JUSTICE EN CAS DE DIFFICULTÉS FINANCIÈRES, 2017
FauxLes entreprises agricoles qui se placent sous la protection de la justice se maintiennent à près de 80% pour celles en sauvegarde judiciaire, et à 49% pour celles en redressement. C’est dans le secteur de l’agriculture et de la pêche que ces procédures judiciaires ont les meilleurs résultats. Ces dispositifs sécurisent les relations de l’agriculteur avec ses créanciers, pour permettre la poursuite de l’activité économique sur la ferme, tout en apportant des solutions de traitement de l’endettement.
10. “Quand tu vas au tribunal,
t’es fini.”
ELLISPHÈRE, PÉRÉNNITÉ DES ENTREPRISES APRÈS L’OUVERTURE D’UNE PROCÉDURE COLLECTIVE, L’OBSERVATOIRE DES ENTREPRISES N°20, NOVEMBRE 2014.
8. ‘‘Avec toutes les primes qu’ils touchent… ils ne sont pas
à plaindre !’’
11. “Les agriculteurs ne sont pas solidaires avec ceux qui sont en difficultés.”
Quand un paysan disparait, on ne s’en aperçoit pas. Les autres agriculteurs se partagent le droit à produire (droits
de plantation viticole, quota laitier…), ses terres, sans penser qu’ils seront peut-être les prochains. Heureusement des espaces de solidarité existent aussi entre agriculteurs, pour des coups de main ponctuels en cas de maladie ou d’accident, ou comme à Solidarité Paysans.
Vrai
Quand un agriculteur rencontre des difficultés, trop souvent son entourage professionnel ne l’encourage pas à tenir le coup…et l’issue : arrêter, devient une fatalité. L’agriculteur se sent dévalorisé et face à la complexité du métier, en vient à douter de ses compétences et de sa place dans la profession.
Il s’isole petit à petit.
Sans les primes PAC, ils ne seraient déjà plus en activité. Il n’est pas facile d’obtenir ces primes, et une multitude de critères sont pris en compte pour en bénéficier. Ces informations doivent être déclarées chaque année. La déclaration
doit se faire en ligne, soit par les agriculteurs eux-mêmes, sous condition qu’ils aient accès à Internet et qu’ils sachent la faire, soit par des organismes agricoles (service payant). Les critères et normes à respecter changent tous les ans, et depuis 2015 les erreurs et oublis de déclarations ont été fatals pour l’équilibre économique de nombreuses exploitations.
Ce travail administratif génère un stress important vu les enjeux. Sans parler des retards de paiement pouvant aller jusqu’à plusieurs années. Vivre de leur métier,
c’est le souhait des agriculteurs.
À la précarité financière des familles peut s’ajouter la pression des créanciers, le stress des divers contrôles sanitaires et administratifs, et la tentation de travailler toujours plus. Quand ils ne s’en sortent pas et ne voient plus d’issue, les idées suicidaires peuvent alors s’installer dans la tête de ces agriculteurs. Quels facteurs protecteurs ? Entretenir des liens sociaux, pouvoir parler des difficultés rencontrées, et bien sûr dégager un revenu
de son travail.
SANTÉ PUBLIQUE FRANCE, SURVEILLANCE DE LA MORTALITÉ PAR SUICIDE DES AGRICULTEURS EXPLOITANTS, SITUATION 2010-2011 ET ÉVOLUTION 2007-2011, I.KHIREDDINE-MEDOUNI, É. BREUILLARD, C. BOSSARD, 2016
12. “Combien d’agriculteurs et agricultrices se suicident en France ?”
781 (officiellement)
En écho à son isolement professionnel, un suicide d’agriculteur fait moins de bruit que celui d’un employé
d’une grande entreprise.
Ce taux de suicide est le reflet de la souffrance
de cette profession. Souffrance qui peut être liée, notamment, à la difficulté de dégager un revenu (endettement, prix non-rémunérateurs…) d’un travail pourtant difficile et chronophage.
Les « crises » agricoles à répétition depuis plusieurs années montrent bien que les difficultés en agriculture sont massives.
En 2016, 30 % des agriculteurs disposent d’un revenu inférieur à 350 €/mois, parmi lesquels 20 % sont en déficit. Près de 150 000 agriculteurs vivent donc très largement
en-dessous du seuil de pauvreté (846 € par mois en France). Mais moins de 43 000 foyers d’agriculteurs ont bénéficié du RSA ou de la prime d’activité (d’un montant moyen de 200 € par mois) cette année-là.
9. ‘‘C’est facile de se mettre
en difficulté,
après ils ont des aides.’’
B/ Ils dépensent peu pour les loisirs et la culture VRAI Seulement 8 % de leurs dépenses sont consacrées à la culture et aux loisirs en 2011. Cette part est parmi les plus faibles, toutes catégories socioprofessionnelles confondues.
C/ Ils mettent tout leur argent dans leur logement FAUXLa proportion des dépenses des agriculteurs liées au logement est parmi les plus faibles (10,2 %). En 2006, 13 % des logements des agriculteurs ne répondaient pas aux standards des critères de confort que sont l’eau courante, l’humidité, le chauffage.Outre le manque de revenu obtenu de leur travail, le contexte rural a aussi une incidence forte sur la qualité de vie des agriculteurs et de leurs familles (désertification des campagnes, désengagement des services publics, mobilité difficile…).
INSEE, ENQUÊTE BUDGET DE LA FAMILLE, STRUCTURE DES DÉPENSES DES MÉNAGES
SELON LA CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE DE LA PERSONNE DE RÉFÉRENCE
EN 2011, OCTOBRE 2016.
13. ‘‘Les agriculteurs, ils peuvent
toujours se débrouiller pour vivre.’’
Réponses : A/ Ils ne dépensent rien pour leur alimentation car ils sont auto-suffisants. FAUX Au contraire,
les agriculteurs consacraient 20,7 % de leurs dépenses à l’alimentation en 2011. Toutes catégories socioprofessionnelles confondues, c’est la part la plus élevée. L’alimentation est une part importante du budget des ménages agricoles ; et cela balaie l’idée reçue selon laquelle les agriculteurs seraient encore autosuffisants alimentairement.
Avec la spécialisation (monoculture ou élevage), la course à l’agrandissement, la diminution du nombre de personnes travaillant sur une ferme…la plupart des agriculteurs n’ont plus le temps de cultiver un potager, et d’élever des animaux pour leur consommation. Des agriculteurs sont désormais contraints d’aller à la banque alimentaire.
10. ‘‘Quand tu vas au tribunal, t’es fini.’’
Les difficultés ont des sources diverses.
Ce n’est pas parce qu’on est dans tel ou tel système qu’on est à l’abri des difficultés. En revanche, la recherche d’une plus grande indépendance sur l’exploitation par la mise
en place de pratiques plus autonomes et économes, permet de réduire les charges de production et peut contribuer au redressement de l’exploitation. Chaque paysan doit trouver le système qui lui correspond et qu’il pourra maitriser.
Passer en bio, c’est un processus long, très technique, et la phase de conversion est une période à risques, très coûteuse.
Cela ne peut être brandi comme une solution à court terme pour un agriculteur confronté à des difficultés. De tels changements de pratiques ne peuvent être des solutions
qu’à long terme.
Et Solidarité Paysans accompagne aussi des paysans en bio qui peuvent rencontrer des difficultés, liées notamment à une charge de travail (trop) importante par rapport au revenu dégagé (maraichage en vente directe par exemple).
14. S’ils ont des difficultés,
ils n’ont qu’à passer en bio !
11. ‘‘Les agriculteurs ne sont pas solidaires avec ceux qui sont en difficulté.’’
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10. ‘‘Quand tu vas au tribunal,
t’es fini.’’
FauxLes entreprises agricoles qui se placent sous la protection de la justice se maintiennent à près de 80% pour celles en sauvegarde judiciaire, et à 49% pour celles en redressement. C’est dans le secteur de l’agriculture et de la pêche que ces procédures judiciaires ont les meilleurs résultats. Ces dispositifs sécurisent les relations de l’agriculteur avec ses créanciers, pour permettre la poursuite de l’activité économique sur la ferme, tout en apportant des solutions de traitement de l’endettement.
Isolement Stress Épuisement professionnel Suicide
Augmentation de la charge de travail administratif
Perte d’autonomie décisionnelle,
délégation de la gestion
d'exploitation
DIFFICULTÉ À DÉGAGER UN REVENU
DE SON TRAVAIL
DÉVELOPPEMENT
D’UNE AGRICUTLURE
DE TYPE INDUSTRIEL
Politiques agricoles françaises et européennes
mises en œuvre depuis
les années 1960
Privatisation
de la gestion des risques
ENDETTEMENT
Surproduction
Structurelle
VOLONTÉ
DE DIMINUER
LE NOMBRE
DE FERME (ET D’AGRICULTEURS)
OUVERTURE DES MARCHÉS, CONCURRENCE MONDIALISÉE
Surchage
de travail
CRISES
AGRICOLES
À RÉPÉTITION
Modernisation
Mécanisation
Normes
Prix de vente non rémunérateurs
Promotion de ce modèle
par les lieux de formation, les organismes professionnels,
les banques,
la presse,…
Dégradation
de l’image de soi
et du métier
Augmentation
de la surface des exploitations
UN SYSTÈME
QUI CRÉE
DE L'EXCLUSION
Concurrence
entre
agriculteurs
Dégradation de l’environnement et de la santé des agriculteurs
REJET DE CE MODÈLE AGRICOLE PAR UNE PARTIE DE LA SOCIÉTÉ
Sentiment
d’échec
11. ‘‘Les agriculteurs
ne sont pas solidaires
avec ceux qui sont en difficulté..’’
Vrai
Quand un agriculteur rencontre des difficultés, trop souvent son entourage professionnel ne l’encourage pas à tenir le coup…et l’issue : arrêter, devient une fatalité. L’agriculteur se sent dévalorisé et face à la complexité du métier, en vient à douter de ses compétences et de sa place dans la profession. Il s’isole petit à petit.
Quand un paysan disparait, on ne s’en aperçoit pas. Les autres agriculteurs se partagent le droit à produire (droits de plantation viticole, quota laitier…), ses terres, sans penser qu’ils seront peut-être les prochains. Heureusement des espaces de solidarité existent aussi entre agriculteurs, pour des coups de main ponctuels en cas de maladie ou d’accident, ou comme à Solidarité Paysans.
À votre avis, combien d’agriculteurs et d’agricultrices se sont suicidés entre 2007 et 2011 en France ?
12. ‘‘Combien d’agriculteurs et d’agricultrices se suicident en France ?’’
781 (officiellement)
En écho à son isolement professionnel, un suicide d’agriculteur fait moins de bruit que celui d’un employé d’une grande entreprise. Ce taux de suicide est le reflet de la souffrance de cette profession. Souffrance qui peut être liée, notamment, à la difficulté de dégager un revenu (endettement, prix non-rémunérateurs…) d’un travail pourtant difficile et chronophage. À la précarité financière des familles peut s’ajouter la pression des créanciers, le stress des divers contrôles sanitaires et administratifs, et la tentation de travailler toujours plus. Quand ils ne s’en sortent pas et ne voient plus d’issue, les idées suicidaires peuvent alors s’installer dans la tête de ces agriculteurs. Quels facteurs protecteurs ? Entretenir des liens sociaux, pouvoir parler des difficultés rencontrées, et bien sûr dégager un revenu de son travail.
B/ Ils dépensent peu
pour les loisirs et la culture.
13. ‘‘Les agriculteurs, ils peuvent toujours se débrouiller pour vivre.’’
Comment les dépenses des agriculteurs se démarquent-elles de celles des autres catégories socioprofessionnelles en 2011 ?
C/ Ils mettent tout leur argent
dans leur logement.
Réponses : A/ Ils ne dépensent rien pour leur alimentation car ils sont auto-suffisants FAUX
Au contraire, les agriculteurs consacraient 20,7 % de leurs dépenses à l’alimentation en 2011. Toutes catégories socioprofessionnelles confondues, c’est la part la plus élevée. L’alimentation est une part importante du budget des ménages agricoles ; et cela balaie l’idée reçue selon laquelle les agriculteurs seraient encore autosuffisants alimentairement. Avec la spécialisation (monoculture ou élevage), la course à l’agrandissement, la diminution du nombre de personnes travaillant sur une ferme…la plupart des agriculteurs n’ont plus le temps de cultiver un potager, et d’élever des animaux pour leur consommation.
Des agriculteurs sont désormais contraints d’aller à la banque alimentaire.
13. ‘‘Les agriculteurs, ils peuvent
toujours se débrouiller pour vivre.’’
B/ Ils dépensent peu pour les loisirs et la culture VRAI Seulement 8 % de leurs dépenses sont consacrées à la culture et aux loisirs en 2011. Cette part est parmi les plus faibles, toutes catégories socioprofessionnelles confondues.
C/ Ils mettent tout leur argent dans leur logement FAUX La proportion des dépenses des agriculteurs liée au logement est parmi les plus faibles (10,2 %). En 2006, 13 % des logements des agriculteurs ne répondaient pas aux standards des critères de confort que sont l’eau courante, l’humidité, le chauffage.
Outre le manque de revenu obtenu de leur travail, le contexte rural a aussi une incidence forte sur la qualité de vie des agriculteurs et de leurs familles (désertification des campagnes, désengagement des services publics, mobilité difficile…).
INSEE, ENQUÊTE BUDGET DE LA FAMILLE, STRUCTURE DES DÉPENSES DES MÉNAGES SELON LA CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE DE LA PERSONNE DE RÉFÉRENCE EN 2011, OCTOBRE 2016.
14. ‘‘S’ils ont des difficultés, ils n’ont qu’à passer en bio !’’
Ce n’est pas si simple ! Les agriculteurs produisent ce que le marché demande,
et comme ils l’ont appris dans les lieux de formation. Cultiver en bio exige plus de travail pour une même quantité produite, mais qui
en effet peut être mieux payée !
Passer en bio, c’est un processus long, très technique, et la phase de conversion est une période à risques, très coûteuse. Cela ne peut être brandi comme une solution à court terme pour un agriculteur confronté à des difficultés. De tels changements de pratiques ne peuvent être des solutions qu’à long terme.
Et Solidarité Paysans accompagne aussi des paysans en bio qui peuvent rencontrer des difficultés, liées notamment à une charge de travail (trop) importante par rapport au revenu dégagé (maraichage en vente directe par exemple).
14. ‘‘Les agriculteurs, ils peuvent
toujours se débrouiller pour vivre.’’
Les difficultés ont des sources diverses.
Ce n’est pas parce qu’on est dans tel ou tel système qu’on est à l’abri des difficultés. En revanche, la recherche d’une plus grande indépendance sur l’exploitation par la mise
en place de pratiques plus autonomes et économes, permet de réduire les charges de production et peut contribuer au redresse-ment de l’exploitation. Chaque paysan doit trouver le système qui lui correspond et qu’il pourra maitriser.
CRISES AGRICOLESÀ RÉPÉTITION
Promotion de ce modèle par les lieux de formation, les organismes professionnels, les banques, la presse,…
4. ‘‘Si la ferme ne tourne pas, c’est parce qu’il a des problèmes personnels.’’
Et si les problèmes personnels n’étaient pas
la cause des difficultés, mais plutôt un symptôme des difficultés professionnelles ?
Si la relation du couple s’est détériorée, c’est peut-être à cause des difficultés sur la ferme, du manque de revenu, du salaire du conjoint travaillant à l’extérieur qui sert à payer les dettes de la ferme…
1. Qui sont les agriculteurs
en difficulté ?
REJET DE CE MODÈLE AGRICOLE
PAR UNE PARTIE DE LA SOCIÉTÉ
Difficulté du paysan a dégager un revenu de son travail
Perte d’autonomie décisionnelle,
délégation
de la gestion
d'exploitation