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L'agriculture a changé, qui va leur dire ?

L'agriculture a changé, qui va leur dire ?
Françoise MAHEUX

De 1985 à 1999, Françoise Maheux, conseillère en économie sociale et familiale à la MSA de Loire-Atlantique, a en charge l'accompagnement social des agriculteurs en difficulté dans un contexte de transformations économiques et sociales (quotas laitiers, crises de la viande ovine et bovine, sécheresses…). Un jour, elle en a eu « assez du silence, de ces pertes de silence, de ces départs en silence » …et elle s'est mise à écrire pour recueillir leurs paroles.

Les agriculteurs chez qui elle intervenait c'était les « siens », c'est-à-dire les « non redressables » pour les OPA et les « traditionnels » et « marginalisés » pour le Service Social de la MSA. Au départ, elle les a considéré incompétents, décalés, puis, peu à peu, elle a vu autre chose : leur désarroi, la perte d'une identité, la perte de confiance. Comment faire pour rester agriculteur aux yeux des autres ? Comment faire pour ne pas baisser les bras ?

En touchant leur intimité, leurs fragilités, Françoise Maheux a douté de son rôle de conseillère. Pour ne pas sombrer dans le découragement, elle s'est mise à noter des confidences et des détails de la vie courante que les agriculteurs lui confiaient ainsi que les réflexions et la révolte que cela lui inspirait. Elle a écrit ce « journal d'une conseillère » sous forme de poèmes qui ont souvent la force d'un coup de poing.

Editions : Centre d'histoire du travail
2 bis, boulevard Léon-Bureau - 44200 Nantes
Tel : 02 40 08 22 04 - Fax : 02 51 72 78 41 - Mel
Diffusion : Littéral - ZI du Bois Imbert - BP 11 - 85280 La Ferrière
Tel : 02 51 98 33 34 - Fax : 02 51 98 42 11 - Mel
15 €

Ce très beau livre est dédié « A tous ceux qui sont nés dedans l'agriculture. A tous ceux qui en sont sortis le cœur meurtri. A tous ceux qui l'ont quittée soulagés. A tous ceux qui y sont restés trop longtemps étonnés d'avoir autant supporté. A ceux et celles qui ont décidé de rester. » En voici un extrait :

CA VA PAS MAL !

Ca n'allait plus.
Je ne bossais plus, je buvais pas mal.
Je vendais pour boucher les trous.
Je m'en foutais pas mal, je n'avais plus de sous.
La ferme me filait entre les doigts.
Je buvais pas mal.
Alors, des gars m'ont sifflé dans les oreilles :
T'as mieux à faire que ça, ils m'ont dit,
Tu vaux mieux que ça.
Et maintenant, je n'ai plus la ferme.
Et je leur tire mon chapeau.
Sans eux, où je serais aujourd'hui, imprégné d'alcool et de mépris ?
Je n'ai plus de ferme.
Et j'ai changé de métier, retrouvé des copains.
Et ça marche !
Je n'ai plus la ferme.
Je leur tire mon chapeau.
Ca va pas mal !