Recevoir du soutien dans ses démarches administratives
Vanessa G., agricultrice à Lajoux

"En 2012, j'ai décidé de me lancer dans la fabrication de fromages, et l'élevage de chèvres. En 2015, on a fait construire deux tunnels, un pour l'élevage avec une fromagerie attenante et un pour le stockage du matériel et du fourrage. La production a démarré en 2016. En mars, on a constaté les premiers dégâts sur les tunnels. Des arceaux avaient plié. J'ai pris contact avec mon assurance, le conseiller a dit qu'il fallait contacter le service juridique et aller au tribunal avec un avocat. Pour que le dossier se mette en route, il a fallu attendre un an et demi. En 2018, un expert a constaté qu'il y avait bien un défaut de fabrication des arceaux, qui n'étaient pas faits pour résister au poids de la neige. Suite à cette expertise, le tribunal devait trancher sur l'affaire mais tous les hivers, j'avais peur que ça s'écroule. C'est ce qui s'est passe un matin, en janvier 2019.

Avec les pompiers, nous avons sortis les chevreaux en premier et nous avons amené les chèvres chez un ancien agriculteur à 10 km de chez nous. Une semaine après, le tunnel de stockage s'est effondré. La production s'est arrêtée pendant deux ans. La banque a proposé de suspendre l'emprunt pendant un an mais nous n'avons pu commencer la reconstruction d'un bâtiment en dur qu'en 2021 car nous n'avons eu l'autorisation de démonter le tunnel qu'en septembre 2021. Le plus compliqué, c'est de repartir de zéro. J'avais 50 laitières quand cela s'est effondré et aujourd'hui 25.

II y a des moments où je ne pouvais plus toute seule, je voulais arrêter. Je suis allée voir un ami, il m'a dit : « essaye d'appeler Solidarite paysans, tu leur expliques et s'ils peuvent t'aider, ils le feront. » Je suis rentrée chez moi et j'ai appelé. J'ai été contactée par deux bénévoles. Je me suis sentie bien avec eux tout de suite. J'avais des facilites à parler, à raconter. lls savaient de quoi je parlais quand je leur disais que j'avais tout perdu. Ce que j'ai apprécié énormément, c'est que quand j'ai eu besoin de soutien ou d'aide pour traduire les documents juridiques, relancer l'avocat, transmettre des papiers, préparer des courriers, j'ai toujours eu une réponse et ils m'ont toujours accompagnée dans mes démarches. En tant qu'agricultrice, je suis assez indépendante, j'essaye de me débrouiller toute seule. Si j'ai appelé, c'est que j'étais arrivé à un point où je n'en pouvais plus. Je n'avais même plus envie de me lever le matin pour donner à manger aux animaux."