Redressement judiciaire
Témoignage de Philippe J. , maraîcher

Redressement judiciaire


Comme l'a écrit Goethe, « tant que nous ne nous engageons pas, le doute règne, la possibilité de se rétracter demeure et l'inefficacité prévaut toujours! »

C'est ce à quoi j'ai essayé de me tenir durant toutes ces années de Redressement Judiciaire.
Le mot est fort (Redressement Judiciaire !!), mais les enjeux étaient de taille pour moi. La maison restait à payer en partie et mes deux enfants étaient en étude supérieure!

Après une campagne de tomates calamiteuse, je perds 50% de mon CA annuel. J'avais eu la bonne idée d'investir l'année précédente, sans trop penser à ma trésorerie : erreur !! Les ennuis commencent avec des lettres de rappels de mes fournisseurs, quelques visites d'huissiers, etc… J'entends parler d'une association qui aide les agriculteurs et qui s'appelle « Solidarité Paysans Provence ».
Dès Noël 2004, j'appelle à leur bureau. Je fais la connaissance de Thierry MANGEART et de Francis THOMAS. Tous les deux pensent que je dois cesser de fonctionner comme ça et qu'il faudrait que je dépose une Déclaration de Cessation des Paiements au Tribunal de Grande Instance et donc me retrouver en redressement judiciaire.
Ca se bouscule dans ma tête : comment ça va se passer avec ma banque, mes fournisseurs, comment vont réagir les salariés ? D'un coup, j'ai comme un sac d'élastique en guise de cerveau. Les questions fusent, je n'arrive plus à distinguer le bon du mauvais pour ma situation (comme si du bon pouvait arriver !)
Avec beaucoup d'inquiétude, je décide de suivre les conseils de l'association. Je me retrouve en période d'observation, mes dettes sont gelées pendant un an et je refais un peu de trésorerie. Grâce à ça, j'arrive à tenir un an et mettre en culture de nouveau.
Je sais qu'il faudra ensuite que pendant 10 ans, je paye des annuités pour rembourser mes créanciers, je comprends alors qu'il faut que je m'adapte à tout prix et que ce sera très dur.

Solidarité Paysans me propose de participer à une de leur journée psycho-socio-professionnelle c'est-à-dire voir un docteur, une assistante sociale puis un entretien avec un salarié de l'association. Le bilan médical avec un docteur féminin de la CMSA ( je précise féminin car pour moi, ce n'était pas évident de raconter mes soucis à « UNE » docteur) provoqua le déclic nécessaire pour me faire rebondir.

Je commence à m'intéresser au «bio». Pendant 2 ans, je visite des exploitations, je me renseigne, je réfléchis car je sentais là, l'unique opportunité de dégager rapidement de la marge.
J'avais vu juste, 2 ans de conversion plus tard, j'inversai la tendance en terme de revenu. Petit à petit, les choses positives se sont succédées, j'ai fait des rencontres importantes au fil de mes déplacements, puis j'ai été intégré dans un groupe de "bio" lié à un bureau de vente en gros. La situation s'est enfin stabilisée.

Aujourd'hui, j'en ai fini avec ce Redressement Judiciaire, qui a parfois été dur à tenir mais qui m'a aussi permis de rebondir. Ah, oui, mon épouse a toujours été à mes cotés et cela continue aujourd'hui, je la félicite de m'avoir supporté.
 
Je ne peux m'empêcher de terminer avec GOETHE : " Il est une vérité élémentaire dont l'ignorance a des incidences innombrables et fait avorter des projets splendides. Dès le moment ou l'on s'engage pleinement, la providence se met également en marche. Tout ce que tu peux faire ou rêver de faire, tu peux l'entreprendre."

Philippe J.


Une fiche technique sur le redressement judiciaire a été réalisée par Solidarité Paysans, elle est disponible auprès de votre association régionale