Des exploitants étouffés par l'endettement

Entretien avec Jean-François Bouchevreau, éleveur à la retraite dans la Sarthe, administrateur national de Solidarité Paysans pour Convergence, le magazine du Secours populaire : « Dans le monde paysan, la pauvreté est laborieuse – les gens travaillent – et souvent cachée : il ne faut pas se laisser abuser par le gros tracteur qui trône dans la cour de la ferme ; acheté à crédit, il appartient aux banques jusqu'au remboursement complet du prêt. Malgré une certaine aisance apparente liée à la présence de matériels, d'engins mécaniques et de locaux nécessaires à l'exercice de notre profession, le réfrigérateur peut être complètement vide. [...]. Les familles auprès desquelles nous intervenons n'arrivent plus à payer leurs créanciers. Certaines sont dans une telle détresse qu'elles n'ouvrent même plus leur courrier, craignant à chaque fois de découvrir une nouvelle injonction d'huissier. Les investissements nécessaires à la tenue d'une exploitation sont lourds. Ils exigent des emprunts, dont les échéances diminuent drastiquement les revenus réels dégagés par les agriculteurs. [... ]Nous sommes travaillés par une course au rendement et donc à l'agrandissement de nos exploitations. Ce qui suppose des investissements toujours plus importants, donc des emprunts toujours plus lourds auprès des banques. Si les prix agricoles baissent, les exploitants sont alors étouffés, petit à petit, par le nœud coulant de l'endettement.

Interview de Jean-François Bouchevreau publiée dans le numéro de janvier  2017 de Convergence (p.27).