DNC : Face à l’urgence, être présents et solidaires

La Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) a été détectée en France, pour la première fois, le 29 juin 2025 en Savoie. Cette maladie virale fortement préjudiciable à la santé des bovins (allant potentiellement jusqu’au décès) conduit à des pertes de production importantes du cheptel infecté.
Devant les risques de contamination et les enjeux économiques pour les éleveurs et la filière, les autorités ont mis en place un dispositif basé sur le dépeuplement des foyers infectés (autrement dit l’abattage des troupeaux), la vaccination et une restriction des mouvements de bovins dans des zones concentriques aux foyers détectés.
Aujourd’hui, 46 élevages ont vu un abattage total ou partiel de leur troupeau. Depuis le 24 août, il n’y a pas eu de nouveau foyer dans les Savoie, mais un cas vient d’être découvert dans le Rhône, signe que la maladie circule encore.
Dans un monde déjà sous tension, l’abattage ravive des traumatismes pour ceux qui l’ont déjà vécu, et viennent attiser colère et incompréhension chez les autres.
Durant cette période traumatique, les divergences de points de vue se sont radicalisées entraînant des tensions. Le blocage de l’accès de 3 fermes, pour éviter l’abattage, ont engendré un déploiement impressionnant des forces de l’ordre à chaque abattage. Cette exhibition de force a augmenté le climat de tension et d’incompréhension.
Devant cet évènement, Solidarité Paysans Pays de Savoie a proposé 2 groupes d’expression entre les éleveurs et leur famille proche pour les aider à mieux vivre cette période. La réussite de cet exercice a été possible grâce aux bénévoles de Solidarité Paysans et de leur connaissance du territoire.
L’idée était de s’exprimer, de raconter, de mettre des mots ou des silences sur les émotions et les ressentis initiés par cet été 2025 si singulier.
La puissance de ce genre d’exercice réside dans le fait de savoir s’écouter, d’où l’importance de la solennité du bâton de parole. Emotions, colère, angoisses, états d’âme ont été exhumés plutôt que gardés enfouis dans une sorte de « thérapie collective » dont l’enjeu est bien de remettre debout des hommes et des femmes meurtris par le drame vécu.
Parmi les thèmes abordés par le traumatisme lié à l’abattage, le « sens du métier » et « à quoi bon continuer ? » ont été largement discutés. Pour certains, on peut ressentir une peine d’arrêter le métier, mais la douleur face au chantier du repeuplement est trop forte. Pour d’autres, la question ne se pose pas et le repeuplement est déjà envisagé. Ces derniers attendent la levée des restrictions de mouvements d’animaux.
Enfin, une majorité des éleveurs appelle à plus d’explications et de justice pour permettre un retour à plus de sérénité.
Aussitôt après le début de cette crise, les institutions ont réagi vite. Si une enquête et un retour d’expérience seront nécessaires pour comprendre et accepter ce qui s’est passé, le résultat est là : la maladie a cessé sa propagation en Pays de Savoie, soulageant tous les professionnels d’une filière. La maladie a été contenue grâce au sacrifice, consenti ou non, des troupeaux de 46 éleveurs et leurs familles. L’ensemble de la profession leur doit reconnaissance et gratitude.
Combien de temps faudra-t-il pour revenir à un climat apaisé ? Quelles seront les conséquences post traumatiques de ces changements ? Le travail de reconstruction ne fait que commencer. Les besoins en expertise humaine et en analyse globale seront nécessaires pour de nombreux éleveurs touchés. Le travail de Solidarité Paysans Pays de Savoie sur ce volet ne fait que commencer, et l’association continuera d’être présente aux côtés de celles et ceux qui ont traversé cette crise.
Contact presse : Thomas BERTIN - Solidarité Paysans Pays de Savoie
06 95 21 45 43– 73-74[a]solidaritepaysans.org
(illustration issue du journal "la Moselle Agricole")