Témoignages
Journée internationale des Droits des Femmes : témoignage de Martine paysanne retraitée,
bénévole à SP 51-08
« A la Maison Familiale, nous étions formées pour être la parfaite épouse d'un paysan ! »
Dans le cadre de la journée internationale des Droits des Femmes, l'association Femmes Relais 08 a souhaité donner un coup de projecteur aux femmes du monde agricole. Martine à travers son témoignage de paysanne ayant toujours travaillé sur une ferme pratiquement sans statut, nous éclaire sur sa vie de femme, d'épouse et de collaboratrice… un récit poignant.
« Je suis née en 1948 dans une famille de petits paysans sur une exploitation de 50 hectares en polyculture et vaches laitières, céréales, fenaison, petit élevage, jardinage. Mes parents et leurs six filles vivaient de ce que la ferme produisait. Depuis toute petite, je participais aux travaux à la ferme, avec papa et maman, mais j'aimais surtout les animaux. J'ai suivi comme tous les enfants une scolarité dans mon village, de 6 à 14 ans jusqu'au Certificat d'Etude Primaire.
Suite à de gros problèmes de santé de papa, j'ai baigné très vite dans le travail de la ferme, malgré mon jeune âge, j'avais 11 ans. Avec ma petite sœur, nous allions garder les vaches dans la prairie à 3 km du village. On partait le matin avec notre casse-croûte et nous rentrions pour la traite le soir.
J'aimais cela, les animaux, la nature, fière de ce que je faisais et des responsabilités que mes parents me déléguaient. C'était encore la période où l'on travaillait avec les chevaux que j'aimais avec passion. Ce sont de bons souvenirs qui faisaient partie de ma vie du moment.
Au cours de cette période, mes loisirs étaient de jouer avec mes sœurs autour de la maison d'habitation, je ne rencontrais les enfants du village qu'en période scolaire.
Un jour, un tracteur a débarqué sur la ferme, alors que je n'en avais jamais entendu parler. Mes parents ne partageaient pas leurs décisions, j'avais 14 ans et pourtant, je participais aux travaux de la ferme.
Retrouver l'intégralité du témoignage de Martine
Martine Thiercy, agricultrice retraitée, bénévole à SP 51-08.
Témoignage de Paul* paysan en difficulté dans les Ardennes :
« sans les bénévoles de Solidarité Paysans, je n'aurais pas pu m'en sortir ! »
« Je me suis installé sur 70 ha en 1995 derrière mes parents, en transformant le troupeau laitier en vaches allaitantes avec production de broutards.
Les cours de plus en plus faibles ne me permettaient plus de couvrir les charges. Les nombreux séjours à l'hôpital causés par une maladie invalidante, ont eu un impact négatif sur la production et le suivi des papiers. Je n'arrivais plus à faire mon travail. Pour nourrir le bétail j'ai eu recours aux crédits fournisseurs.
Le montant de mes dettes s'élevait à 130 000 euros. Je devais 45000 € à la MSA, correspondant à plusieurs années de cotisations, ainsi que des pénalités de retard. Un jour, la banque m'a convoqué pour me signifier « la déchéance de terme », je devais rembourser l'ensemble de mes emprunts à long terme immédiatement. J'étais complètement perdu et ne savais plus quoi faire.
Sur les conseils de l'assistante sociale de la MSA qui intervenait chez nous, j'ai appelé l'association Solidarité Paysans 51-08 en juillet 2016.
Les bénévoles, nous ont écouté, et ont compris que je souhaitais arrêter le métier. Ensemble nous avons établi un plan pour le remboursement des dettes. Ils m'ont accompagné auprès des créanciers, mais c'est moi qui prenais les rendez-vous. Je ne pouvais plus les rencontrer seul.
Je me suis senti vraiment soutenu, petit à petit, j'ai repris confiance en moi, j'ai trouvé un travail et je suis retourné aux réunions de Conseil Municipal.
Sans les bénévoles de Solidarité Paysans, je n'aurais pas pu m'en sortir. Avec ma femme, nous avons retrouvé confiance en nous.
Aujourd'hui, nous pouvons regarder l'avenir sans avoir peur. »
*le prénom a été changé
Avec des binômes de bénévoles, l'association Solidarité Paysans 51-08 propose un accompagnement humain aux agriculteurs confrontés à des difficultés qui lui en font la demande. Retrouvez le témoignage de Guy, bénévole accompagnant, publié dans Génération mouvements.