Colloque Bernard Lambert, hier et aujourd'hui

Il y a 40 ans disparaissait Bernard Lambert, figure des luttes paysannes, agriculteur, homme politique et syndicaliste.
Le 12 octobre se tiendra à Nantes une rencontre autour de la pensée de Bernard Lambert, non pour la célébrer mais pour questionner son actualité.

Solidarité Paysans est partenaire de cet évènement, aux cotés de la Confédération Paysanne, l'Atelier Paysan, MRJC , les Amis de la Conf', Civam 44 et le Centre d'Histoire du Travail.

Pour plus d'information sur le programme et pour s'inscrire (inscription obligatoire, les places sont limitées).

De nombreux évènements, projections, débats, rencontres se dérouleront du 2 octobre au 21 novembre en Loire Atlantique.
Pour en savoir plus sur le programme complet.

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Lorsque Bernard Lambert fait paraître Les Paysans dans la lutte des classes (Seuil, 1970), il n'a pas quarante ans mais plus d'une décennie d'engagement politique et syndical derrière lui. Partie prenante, comme beaucoup de jeunes ruraux, du mouvement d'émancipation de la jeunesse d'après-guerre au sein de la JAC (Jeunesse Agricole Chrétienne), « fonceur, apporteur d'idées, toujours en éveil sur les transformations du monde paysan et de la société rurale », selon les mots de son ami Bernard Thareau, Bernard Lambert incarne cette nouvelle génération de paysans qui, après avoir célébré la Révolution agricole, commence à en pointer les méfaits et la logique mortifère.
Le paysan routinier doit céder la place à l'agriculteur moderniste, dit-on. Mais à quel prix ? La mécanisation de l'agriculture est à l'œuvre, les tracteurs se multiplient, les engrais se répandent et les paysans disparaissent moisson après moisson. Les Trente glorieuses font des victimes, et les paysans, souvent surendettés, sont du lot. Les chercheurs annoncent l'avènement d'une France sans paysans, la mort de l'exploitation familiale et de la société paysanne traditionnelle. Témoin de cette mutation, Bernard Lambert refuse l'inéluctable et plaide pour que les paysans prolétarisés nouent des alliances fécondes avec les syndicats ouvriers pour s'inventer un avenir. Dans les années 1970, il s'appuiera également sur le monde associatif pour faire de l'agriculture et de sa mission centrale (nourrir la population) un enjeu politique de premier plan.

Et aujourd'hui ?

Le dernier demi-siècle a vu le néo-libéralisme bouleverser profondément les agricultures du monde et ce, sur tous les plans : économique, technologique, socio-culturel, écologique. Inégalités criantes de revenus entre paysans, gigantisme des exploitations, productivisme sans frein, technologisation des pratiques agricoles, appauvrissement des sols et de la biodiversité, bouleversement climatique… l'agriculture et les agriculteurs vont mal.

Nous sommes persuadés que les réflexions posées par Bernard Lambert et les actions menées par toute une génération de militants paysans des années 1960-1970 méritent d'être connues et discutées. Elles sont de nature à enrichir et renouveler la réflexion commune et la compréhension politique de ce que nous vivons aujourd'hui. Ce questionnement concerne au premier chef la Confédération paysanne, dont Bernard Lambert œuvrait à la création juste avant de décéder, puisqu'elle est porteuse du projet de l'Agriculture paysanne, alternative au productivisme. Mais pas seulement : ces questions concernent également celles et ceux qui agissent et se sentent concerné(e)s par les questions agricoles, alimentaires, environnementale - et de « juste » rémunération du travail.

Le 12 octobre prochain se tiendra à Nantes une rencontre autour de la pensée de Bernard Lambert, non pour la célébrer mais pour questionner son actualité. Telle est notre ambition, et cette ambition, nous voulons la partager avec des syndicalistes, des chercheurs, des militants associatifs, car l'avenir de l'agriculture ne peut et ne doit pas être l'affaire des seuls agriculteurs.