Mal Être en agriculture : des orientations partisanes et un bilan inexistant
À l'occasion d'une journée dédiée au mal-être agricole organisée le 18 juin dernier par le Conseil de l'Agriculture Française, Olivier Damaisin, coordinateur national interministériel du Plan prévention mal-être en agriculture et certains représentants de la profession agricole ont tenu des propos graves de conséquences pour les agriculteurs et agricultrices en difficulté.
Alors que la question du mal être en agriculture devrait pouvoir réunir l'ensemble des partenaires actifs sur la question et les pouvoirs publics afin de prendre des décisions objectives, le coordinateur national montre au contraire des orientations partisanes et une absence de bilan sérieux de la feuille de route depuis le changement de coordination en 2022.
Si nous rejoignons l'analyse des représentants de la profession sur le besoin de simplification des dispositifs d'accompagnement des agriculteur∙rices en difficultés - comme l'aide à la relance de l'exploitation agricole (AREA) –, nous nous alertons du raccourci d'Olivier Damaisin remettant en cause l'efficacité des services délocalisés de l'Etat et appelant à réorienter les fonds vers les Chambres d'agriculture et la MSA.
Ces déclarations envisagent surtout le renforcement des institutions au détriment des structures d'accompagnement existantes, comme Solidarité Paysans, en finançant directement la MSA et les Chambres d'agriculture qui porte le modèle de développement de l'agriculture industrielle à l'origine du mal-être des agriculteurs.
La Feuille de route devait permettre de réunir tous les acteurs dans le domaine social, de la santé et de l'économie avec l'ambition d'une implication de tous et d'une forte articulation de ces acteurs privés et publics.
L'ambition initiale n'est clairement pas au rendez-vous.
Nous demandons expressément à renforcer les moyens donnés aux DDT(M) pour le déploiement et l'animation des dispositifs d'accompagnement des agriculteurs en difficultés, seuls acteurs neutres dans l'environnement agricole.
Oui l'accès aux fonds devrait être « plus simple, plus rapide » comme l'indique le président des Chambres d'agriculture, mais cette simplification doit être assortie d'une réorientation sérieuse du dispositif audit/AREA vers les agriculteurs en difficultés qui nécessitent un soutien public, et de sortir des dynamiques du chiffre.
Enfin, nous nous indignons de l'adhésion de Mr Olivier Damaisin aux propos de la FNSEA et des JA selon lesquels il faudrait développer un dispositif de « passage de relais » ou « pré retraite » en réponse aux passages à l'acte suicidaire chez les agriculteurs.
Face aux impasses du modèle agricole dominant, il ne s'agit pas d'autre chose que de prôner un plan social qui pousse, sous couvert d'empathie avec les plus fragiles, à la concentration de l'agriculture entre quelques mains.
Face aux situations dramatiques vécues par des milliers d'agriculteurs et agricultrices rencontrés par Solidarité Paysans dans toute la France, nous partageons le constat : il faut passer à la vitesse supérieure.
Mais pour cela, il est temps de s'interroger sur les moyens mis en œuvre et sur la volonté des pouvoirs publics de s'attaquer aux causes, et de réellement vouloir avancer en concertation avec tous les acteurs, sans parti pris partisan et avec comme seule ambition de placer l'humain au cœur des choix.
Le 25 juin 2024
Contact presse : Jérome MARTINEZ-GARCIA
Tel 06 41 57 62 35 / j.martinez@solidaritepaysans.org