Suicides dans le monde paysan : quand est-ce qu’on agit sur les causes ?

Détecter plus les agriculteurs en détresse n'enrayera pas le phénomène.
605, c'est le nombre de suicides dans le monde agricole en 2015. 233 salarié.e.s, et 372 agriculteurs et agricultrices ont mis fin à leur jour sans réaction à la hauteur des enjeux. Des chiffres qui montrent l'impasse du modèle de développement agricole  industriel.

Nous qui accompagnons et défendons au quotidien des agriculteurs en difficultés, nous affirmons que ces paysan.ne.s ne sont pas des statistiques. Derrière chaque suicide, c'est une personne qui souffre et a perdu tout espoir. C'est une famille dont la vie est brisée, des enfants dont un des parents est parti pour toujours. Ces souffrances sont l'effet d'une violence insupportable faite aux paysan.ne.s que nous dénonçons.

Depuis 2019, avec l'immense succès du film Au nom de la terre et la médiatisation du sujet, les politiques commencent à s'intéresser au suicide des paysan.ne.s. Une mission parlementaire sur les difficultés en agriculture et la prévention du suicide a été confiée par le Premier ministre à Olivier Damaisin, qui a présenté son rapport en décembre 2020. Ce rapport ne parle que de repérage, fichage, mentorat, communication, ignorant totalement les hommes, les femmes qui devraient être au centre d'un tel travail. A aucun moment il ne se questionne sur les causes de ce mal-être. Contrairement aux sénateurs Françoise Férat et Henri Cabanel qui ont présenté le 17 mars, 64 recommandations. Ils appellent l'Etat à se mobiliser, notamment sur la question cruciale de la faiblesse des revenus des agriculteurs.

Lire la Tribune publiée dans le journal Le Monde le 25 mars 2021