Communiqué de presse de Solidarité Paysans 42 suite à l'AG

Notre association accompagne depuis plus de trente ans les agriculteurs et leurs familles qui rencontrent des difficultés.
Au fil de ces années nous avons vu les difficultés évoluer : l'adaptation au changement climatique, un taux d'endettement plus important, un isolement plus marqué, des difficultés qui arrivent plus tôt dans la carrière (en 2021, 28 % des personnes que nous accompagnons étaient installés depuis 10 ans ou moins, en 2022 20 %).
Parallèlement, nous accompagnons de nombreux actifs vers une cessation d'activité avant l'âge de la retraite.
Les raisons sont multiples : problèmes de santé, endettement, imprévus etc... L'installation d'activités agricoles et la transmission des fermes actuelles est un enjeu fort de nos territoires ruraux. Les organismes agricoles préconisent de penser à la transmission de sa ferme 7 ans avant la retraite.


Pourtant, une étude de l'AFP parue en 2016 indique que plus d'un quart des agriculteurs et agricultrices arrêtent leur activité avant l'âge de 56 ans. Comment rebondir après un arrêt forcé ? Comment penser la transmission des exploitations en difficulté ? Peuvent-elles permettre une vie digne aux cédants et aux futurs installés ? C'est la réflexion menée par l'Association Solidarité Paysans lors de son assemblée générale en 2023.


Partenaires, bénévoles, agricultrices et agriculteurs présents ont identifié de nombreux sujets. Ils retiennent un manque de moyen pour permettre un accompagnement adapté aux nouveaux besoins des futurs installés et pendant les premières années après l'installation. A cause de la complexité des dossiers à présenter pour leur installation (Parcours Professionnel Personnalisé, Plan d'Entreprise) et un parcours compliqué, de nombreuses personnes ne sollicitent pas les aides (30 % environ) parce qu'ils ne « rentrent pas dans les critères ». De plus, les candidats à l'installation n'ont plus droit au fonds de formation agricole pour prendre le temps de la réflexion et avec le soutien de divers parrainages.


Mais le métier de paysan fait encore rêver notre jeunesse : que ce soit la Chambre d'Agriculture ou l'Addear, ces organismes reçoivent encore beaucoup de candidatures pour devenir paysan. Comment accompagner les agriculteurs et agricultrices tout au long de leur carrière face aux choix difficiles qui se présenteront autour du changement climatique ou de l'inflation ? Avec des financements, une forme de parrainage entre professionnels (paysans ou anciens paysans) et jeune installé·e pourrait être mis place. Le bénévolat est certes efficace, mais il a ses limites !


Avec l'agrandissement continuel des exploitations agricoles, l'accès au foncier est compliqué pour les projets modestes qui ne demandent pas des superficies importantes (maraîchage etc.). L'étude de réserves foncières doit être une priorité. Les SAFER devraient avoir plus de moyens pour s'impliquer davantage à ce sujet. Les collectivités ont également un rôle à jouer ;pourrait-on imaginer des réserves foncières publiques de terres agricoles ? Pour l'agriculture de demain et le bien être des paysans, nous devons être optimistes ; il faut s'en donner les moyens à tous les niveaux (Etat, Région, Département).


L'Association Solidarité Paysans déplore qu'autant de paysans se retrouvent dans des situations difficiles. Dans le contexte actuel (inflation, période post-covid, tension internationale), l'alimentation doit demeurer une priorité dans le budget des ménages, avec des producteurs qui doivent vivre dignement de leurs productions (notamment dans les secteurs de l'élevage et du maraîchage). Nous invitons tous les acteurs de l'agriculture, les citoyens, les collectivités à prendre à bras le corps cette problématique pour les décennies à venir.