Nous autres...
les agriculteurs en crise

Delphine Gourlay a réalisé 2 reportages avec Solidarité Paysans Limousin pour l'émission "Nous autres" de Zoé Varier, diffusée sur France Inter.

Dans le premier, elle rencontre Patrice et Bernadette, producteurs de lait dans la Creuse. « 80 hectares, 50 vaches laitières, un mobil home pour maison, un bâtiment pour les bêtes, un vieux tracteur. Lever aux aurores, coucher à pas d'heure, et ça tous les jours de la semaine. Et pas de quoi se payer un salaire.

La tête dans les dettes, dans les factures et les lettres d'huissiers. Une vie à la merci du prix du lait, des fluctuations du marché mondial. Une vie à se faire écraser par les tarifs des coopératives et par ceux des industriels. Et les bêtes qu'il faut bien continuer à nourrir, à traire. Le 28 avril 2008 Bernadette et Patrice étaient en cessation de paiement. Ils cumulaient 30 000 euros de dettes. Ils ont décidé de faire appel en urgence à Solidarité Paysans. Pour éviter la liquidation, Gilles Roy, qui est bénévole de l'association et ancien paysan lui-même, leur a proposé d'élaborer un plan de redressement. C'était la seule façon pour Bernadette et Patrice de préserver leur exploitation, ils se sont engagés à rembourser leurs dettes pendant 14 ans. Bernadette et Patrice ne sont pas un cas isolé, en France un agriculteur sur deux gagne moins que le SMIC.

Dans le second, Delphine Gourlay suit Gilles Roy dans sa tournée. Il va rendre visite à plusieurs exploitants qui ont fait appel à Solidarité Paysans, avec eux il va éplucher leurs comptes, essayer de trouver des solutions pour éviter la liquidation, élaborer des plans de redressement. Cet accompagnement dure souvent plusieurs années, après la constitution des dossiers fiscaux, le passage au tribunal, le jugement, Gilles reste présent, toujours à l'écoute, il rassure, il réconforte les paysans.

La journaliste constate que ça va mal dans nos campagnes. Voici ce qu'elle écrit : « L'agriculture connait sa crise la plus grave depuis 30 ans. 50% des agriculteurs français sont menacés de disparition dans les deux, trois ans à venir. Les paysans ne s'en sortent plus, factures en patience, créances, ils ont la tête dans les dettes et les lettres d'huissiers. Nos agriculteurs sont sous antidépresseurs. Pris dans la spirale de l'endettement, ils sont à la merci des financiers, des banquiers, étouffés par les prix de la grande distribution. Et pourtant ce n'est pas faute de travailler. Tous les jours de l'année, sans jamais prendre de congés. Aujourd'hui les agriculteurs vendent à perte. Le prix du lait, le prix des bêtes ne couvrent plus les coûts de production. Certains jettent l'éponge, et se séparent de leur exploitation, d'autres essaient à tout prix de préserver leurs terres ».

Ces reportages ont été diffusés les vendredis 15 et 22 janvier 2010.

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