Les campagnes de prévention et de communication feront-elles diminuer le nombre de suicides en agriculture ?

Lorsque le taux de suicide dans une profession est aussi important, il devient urgent de rechercher les causes profondes de ce sinistre plutôt que s'attacher seulement à pallier aux conséquences.

Voilà bientôt 5 ans que le sujet de la prévention du suicide des agriculteur.rice.s en difficultés est largement sur le devant de la scène. Pourtant malgré les nombreux rapports de l'association Solidarité Paysans, et après un film grand public, un rapport de l'Assemblée nationale, un rapport sénatorial, et près de six mois depuis le lancement de la feuille de route de la prévention du mal être et de l'accompagnement des agriculteurs en difficulté … il semble que les institutions fassent preuve d'une certaine inertie pour répondre aux enjeux qui concernent les agriculteur.rice.s.

La mobilisation autour du mal être paysan, de leur détresse, les dispositifs mis en place pour repérer, écouter les agriculteur.rice.s fragilisé.e.s ne sont pas à la hauteur du problème. Ce que vivent les agriculteur.rice.s en difficultés est très loin de relever seulement de problématiques psychosociales. Si les agriculteur.rice.s en difficultés sont en souffrance c'est que l'agriculture l'est tout autant : la solution réside dans une remise en question de l'ensemble du modèle de production et des politiques qui y ont conduit et y conduisent encore.

Il faut cesser de fuir en avant et considérer la réalité : le développement agricole sert le modèle agro-industriel dont les conséquences cumulées sont colossales. La concentration des moyens de production, l'endettement, la surcharge de travail, la pression administrative sont les résultats de ce modèle pour lequel le paysan ou la paysanne est toujours la variable d'ajustement au fil des crises qui s'accumulent.
Cela explique la dégradation des conditions d'exercice du métier. Travail compulsif, isolement, perte de confiance sont autant d'éléments qui favorisent la disparition de repères et de perspectives pour les paysans et paysannes et génèrent du désespoir.
Cette logique qui pousse les uns et les autres vers « le toujours plus » est puissante : seules la compétition et la concurrence sont valorisées, avec pour conséquence l'élimination des plus faibles au profit des plus forts.

Il faut en finir avec le modèle industriel ; agir en amont en réorientant l'agriculture vers des méthodes plus vertueuses, et non tenter de panser sans résultats les conséquences mortifères du modèle dominant.
Un autre type de développement agricole est possible, basé sur davantage d'autonomie, de partage et plus respectueux des hommes, des femmes et de l'environnement. Une agriculture autonome, conservant la meilleure valeur ajoutée possible aux paysan.ne.s  tout en ayant des conditions de travail dignes et équilibrées existe. Ce n'est pas une utopie, certains l'expérimentent depuis des décennies.

L'agriculture est une production hautement stratégique pour notre avenir commun. Alors que de toutes parts sonnent les alarmes sur ce modèle productiviste à bout de souffle, nous appelons à un changement radical de politique agricole. Il nous faut « vaincre » les résistances au changement, seule solution pour enrayer le mal être des paysans et paysannes.

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Contacts presse :  

Marie-Andrée Besson (06 30 45 10 65) et Gilbert Julian (06 29 32 27 07), co-présidents de Solidarité Paysans

Lien utile :

Propositions que nous avons faites en mars 2021 https://solidaritepaysans.org/images/imagesCK/files/Plan_operationnel_ContributionSolidaritePaysans_mars2021.pdf

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